Corée du Sud : Essoufflement

Source : Bilan du Monde, édition 2005

En dépit de résultats satisfaisants au cours de la première moitié de l’année (avec un taux de croissance de 5,4 p. 100), l’économie sud-coréenne présentait dans la seconde des signes d’essoufflement. Bien que les autorités aient maintenu leur objectif de croissance aux alentours de 5 p. 100, (3,1 p. 100 en 2003), des symptômes négatifs (absence de création d’emplois, faillites en augmentation) créaient en fin d’année un sentiment de morosité dans les milieux d’affaires comme chez les consommateurs.

Pour les industriels, le grand sujet de préoccupation était l’impact de l’augmentation du pétrole et des matières premières (d’un coût de 18,2 milliards d’euros au premier semestre, les importations d’hydrocarbures représentent 21 p. 100 du total des importations). La reprise de la consommation des particuliers était fortement hypothéquée par la crise du crédit de 2003, qui pèse sur l’indice de confiance des ménages.

La résolution de cette crise, qui a affecté quelque 4 millions de particuliers touchés par l’éclatement de la bulle du crédit à la consommation, a été plus longue que prévu. Les sociétés de carte de crédit améliorent lentement leur situation en apurant leurs mauvaises dettes et le gouvernement a mis en place une institution financière à laquelle peuvent avoir recours les personnes en défaut de paiement.

Au cours des neufs premiers mois, alors que la demande interne était en contraction, la croissance a eu pour seul moteur les exportations qui avaient enregistré une augmentation remarquable (+ 30 p. 100). Les exportations vers le marché chinois, qui est devenu le premier partenaire de la Corée du Sud, avaient crû à un rythme vertigineux (+ 57,2 p. 100) pour atteindre 18,8 milliards d’euros.

Au premier semestre, les exportations (98,6 milliards d’euros) ont atteint leur plus haut niveau et présentaient une augmentation de + 38 p. 100. Les importations faisaient également preuve, pour la même période, d’un grand dynamisme (86,4 milliards d’euros).

Cette envolée des exportations a servi les secteurs tournés vers l’étranger. En revanche, les petites et moyennes entreprises, peu exportatrices et d’une santé financière précaire, ont vu leur situation se dégrader en raison de la faiblesse de la demande intérieure et du renchérissement des matières premières, des phénomènes entraînant une aggravation de plus en plus manifeste de la dichotomie de l’économie entre un secteur performant dédié à l’étranger et un autre, stagnant, tourné vers le marché intérieur.

Le secteur des PME fournit près des deux tiers des emplois, alors que les grands groupes ont tendance à investir en Chine pour profiter des faibles coûts de main-d’oeuvre.

Au cours des neuf premiers mois, le taux de chômage est resté à 3,6 p. 100 mais la précarité des emplois touche près de la moitié des salariés, en particulier les jeunes. Le nombre de création d’entreprises tendait, en outre, à baisser. La formation brute de capital fixe était négative au premier trimestre par rapport au trimestre précédent. L’inflation a marqué, en juillet, une reprise sensible (4,4 p. 100), mais son impact a été limité par la faiblesse de la consommation.

Le gouvernement dispose d’une marge de manoeuvre budgétaire importante pour relancer la demande puisque l’endettement de l’État est relativement modéré (23 p. 100 du PIB). Bien qu’elle demeure l’une des plus dynamiques du monde, l’économie sud-coréenne présente des faiblesses qui obscurcissent son horizon, en particulier une vulnérabilité aux chocs externes.

Ph. P.

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