ANDORRE - HISTOIRE

    La légende selon laquelle l’autonomie aurait été octroyée à l’Andorre par Charlemagne repose sur un faux grossier, fabriqué sans doute au XIe siècle. Au début du IXe siècle, la vallée d’Andorre faisait partie du comté d’Urgel, sous la souveraineté carolingienne; elle appartenait au diocèse d’Urgel, comme le montre l’acte de consécration de la cathédrale, qui énumère les six paroisses d’Andorre (829). Ici, comme ailleurs en Occident, la souveraineté carolingienne s’effaça peu à peu aux IXe et Xe siècles; en 843, Sunifred, comte d’Urgel, reçut de Charles le Chauve la propriété des biens royaux dans la vallée d’Andorre, et, en 988, son successeur la céda à l’évêque d’Urgel. L’un comme l’autre ne tardèrent pas à y exercer également leur autorité. Ainsi se trouvait fondé le pouvoir seigneurial de l’évêque, qui s’étendait aussi sur de nombreux biens donnés par des particuliers. Absorbés par les conquêtes qu’ils menaient au sud aux dépens de l’Espagne musulmane, les comtes le laissèrent se développer.
    Cependant, pour se défendre contre les pouvoirs laïques voisins, l’évêque fut amené à s’appuyer sur une famille de seigneurs dévoués, les Caboet et, sans doute au début du XIe siècle, leur céda la vallée d’Andorre en fief. La situation se compliqua lorsque la seigneurie d’Andorre passa par mariage aux Castelbon (vers 1185), puis aux comtes de Foix (vers 1208). La puissance de ces vassaux, leurs efforts d’indépendance, appuyés parfois sur la violence, le soutien qu’ils accordaient aux hérétiques provoquèrent des tensions qui aboutirent par moments à une guerre ouverte.
    En fin de compte, l’intervention du roi d’Aragon amena les deux parties à conclure un compromis: le pariage de 1278 forme aujourd’hui encore la base du régime andorran. Ce pariage organisait entre l’évêque d’Urgel et le comte de Foix un condominium pour l’exercice des pouvoirs seigneuriaux dans la vallée d’Andorre: les habitants devaient payer un tribut annuel (la qüèstia ), alternativement à l’évêque et au comte; la justice serait exercée en commun par les bailes des deux autorités, ou par l’un d’eux en l’absence de l’autre; évêque et comte pourraient également réclamer l’aide militaire des habitants, sauf pour se faire la guerre entre eux. Cependant, le pariage précisait que le comte exercerait tous ses droits sous la seigneurie éminente de l’évêque, et lui prêterait hommage comme auparavant: dernier vestige d’une situation dépassée, et que les XIVe et XVe siècles firent disparaître, donnant un caractère purement honorifique à l’hommage et plaçant en fait les deux pouvoirs sur un pied d’égalité.
    Le régime andorran s’est depuis lors conservé sans grand changement, aucun des deux pouvoirs n’ayant eu la possibilité ou la volonté d’ouvrir de nouvelles luttes pour cette vallée isolée. L’héritage des comtes de Foix passa aux rois de Navarre qui, lors de l’accession de Henri IV au trône de France, eurent l’État français pour successeur. Suspendus pendant la Révolution, les rapports reprirent en 1806. En 1866, la «réforme», sanctionnée par un plébiscite, étendit à tous les chefs de famille le droit de suffrage, jusqu’alors réservé aux «meilleurs».